Légalité Africaine
Etat de droit, légalité, sûreté juridique : voilà un concept que les Africains semblent avoir quelque difficulté à intégrer. De quoi s’agit-il ? De ce qui est indispensable au développement de n’importe quelle nation, que ce soit dans le domaine judiciaire, politique et constitutionnel, mais aussi économique, industriel et social. Savoir quelles sont les règles applicables et ne pas être soumis à l’arbitraire d’un ministre, d’un fonctionnaire, d’un juge ou même d’un bailleur ou d’un banquier.
Tout citoyen doit être certain de la règle qui lui sera appliquée, faute de quoi non seulement ses droits ne sont pas garantis mais, et c’est sans doute là le point aveugle de nos nations, il ne se lancera dans aucune entreprise politique ou entrepreuneuriale. Et cela vaut également pour la monnaie – il va falloir faire très attention lorsque le FCFA aura disparu, monnaie certes de dépendance mais qui rassure les investisseurs ou les importateurs, et pas seulement ceux de l’ancienne puissance coloniale.
Si le citoyen ou le chef d’entreprise prend des risques, il doit en mesurer l’étendue, il faut qu’il les connaisse et non pas les découvre au gré des caprices de ceux qui mettent en oeuvre les lois et le droit. Ce principe est indispensable, il est connu en Europe depuis des siècles, et si le droit privilégiait telle ou telle caste, tout le monde le savait et tout le monde agissait en conséquence, même s’il a fallu attendre 1789 pour que l’égalité dans la légalité devienne la règle – du moins, en théorie.
Or chez nous, un président peut changer la constitution pour faire un troisième mandat, un bailleur peut fixer le loyer arbitrairement en violant les lois d’encadrement, et un juge peut rejeter l’application de la loi pour favoriser une plaignante soi-disante exclusivement sénégalaise – discrimination qui ne peut que faire fuir les citoyens, les binationaux et les étrangers.
Il ne s’agit pas simplement de mettre en oeuvre des grands principes, il s’agit surtout d’être efficace et ouvert au monde. C’est simple à comprendre, non…?
Anta Sylla