C’est un insecte minuscule dont les répercussions sont grandes pour les foyers infectés. L’infestation des punaises de lit est hors de contrôle, raconte Le Parisien qui a accédé aux chiffres de la Chambre syndicale des métiers de la dératisation, désinsectation et désinfection (CS3D). Et ils sont édifiants : les interventions de professionnels pour lutter contre les punaises de lit ont bondi de 76 % en 2020. Elles avaient augmenté d’environ 30 % les deux années précédentes.
Les punaises de lit sont des insectes dont les piqûres provoquent notamment des démangeaisons, elles se développent dans les matelas et les draps, ainsi que les meubles et les recoins. Alors qu’ils avaient disparu dans les années 1950, ces nuisibles se sont engouffrés dans les maisons françaises ces dernières années.
Plus de 70 000 consultations chez le généraliste en un an étaient liées à ces parasites, estimait une étude dévoilée par le ministère de la Santé en juillet. Le motif de la consultation vient souvent des lésions cutanées mais aussi de la dégradation de l’état psychologique des personnes touchées, car les punaises de lit les conduisent à vivre dans le stress et la vigilance permanente. Certaines personnes développent même des troubles post-traumatiques.
« C’est trop tard pour l’éradiquer »
Les autorités françaises avaient déjà constaté leur retour en force dès le début de l’année : 400 000 sites, dont non seulement des logements mais aussi des hôtels, avaient été traités en 2018, alors la dernière année de référence, soit presque un tiers de plus qu’un an plus tôt.
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Mais d’après Romain Lasseur, docteur en toxicologie et spécialiste du comportement des espèces envahissantes, « c’est trop tard maintenant pour essayer de l’éradiquer ». D’autant plus que les Français manquent d’informations au sujet de ce minuscule nuisible. « Les gens n’identifient pas tout de suite qu’ils sont face à des punaises, ils continuent donc de les propager », décrypte Romain Lasseur dans les colonnes du Parisien.
Envahissantes et résistantes
Pire encore, la punaise de lit a évolué pour survivre : elle a vu « sa carapace s’épaissir pour faire face aux insecticides ». Extrêmement résistante, elle peut « hiberner », ce qui lui permet de survivre jusqu’à un an sans se nourrir de notre sang.
Les punaises de lit deviennent envahissantes : « Elles sont chez nous, là où on va en vacances, dans les maisons de retraite, dans les hôtels, les lieux de culture? Il suffit d’être en contact avec assez longtemps pour être infesté », souligne le porte-parole de la CS3D, Stéphane Bras. Et il faut se préparer, car d’après lui « quand tout rouvrira une fois la crise sanitaire passée ? les hôtels, les lieux de culture, les cinémas, etc., il faudra s’attendre à un pic d’infestations ! »
Alors que « les moyens de lutte utilisés sont souvent considérés comme inefficaces par les patients », d’après l’étude de la Direction générale de la santé, relayée par le ministère en juillet, le gouvernement présentera en janvier un plan d’action contre le nuisible avec notamment des aides financières pour les personnes infectées les plus démunies.