À la cité Siprés, une odeur de poisson vous titille les narines dès que vous franchissez le périmètre de la plage. Des tas d’ordures sont accumulés çà et là sur les routes qui mènent à ce lieu de rencontre. Ce qui n’arrête pas pour autant les jeunes à la recherche de fraîcheur.
Le sable est jonché de débris que la mer crache. Une suite de tentes longe plus d’une trentaine de mètres la plage. Elles sont occupées par les femmes qui fabriquent des poissons fumés et séchés. Cette plage sablonneuse et ensoleillée est très fréquentée par les populations. Le plus souvent, c’est une foule monstre composée majoritairement de jeunes.
Près de l’eau, un groupe de baigneurs se fait remarquer. Il est composée de toutes les tranches d’âges. On remarque même des bébés d’environ un an. Très grande, la plage de la cité Siprés accueille les populations environnantes qui viennent généralement de Grand Mbao, Petit Mbao, Zac Mbao, parfois beaucoup plus loin. « Ce sont des groupes d’amis qui se connaissent et se rassemblent sur la plage. Nous, on surveille la plage pour éviter que les gens aillent loin dans l’eau pour éviter les noyades. Même si on fait parfois office d’agent de sécurité pour faire respecter l’ordre et le respect, car il se passe des choses dans l’eau entre les baigneurs. Quand on vient à la plage, c’est histoire de se relâcher pour passer de bons moments », lâche Pape Leye chauffeur de clando.
« Des personnes vicieuses rôdent par ici »
L’eau de la mer et ses petites vagues qui s’entrechoquent, offre la fraîcheur marine à ces personnes venues s’amuser. Ils profitent de la canicule ainsi que du week-end pour vivre des moments d’évasion et relaxation. « Ici, c’est la plage, on vient pour s’amuser. On oublie tout. En plus, il est difficile de rester dans les maisons en cette période de forte canicule », lance Lamine Faye, étudiant habillé en short rouge, torse-nu, le corps recouvert de sable fin de la plage.
Un peu plus loin, un ambiance d’euphorie et de rigolade règne. La mer est à peine envahie par quelques baigneurs dont la tranche d’âge varie entre 8 et 13 ans. À côté, un groupe de jeunes hommes, assis sur les rochers du mont au-dessus de la plage, discutent tout en contemplant l’horizon. Dans un contour de roches, un groupe d’enfants s’amuse avec un ballon. « Nous sommes en famille, mes nièces, neveux et petits frères. J’ai la lourde tâche de veiller sur eux, les personnes vicieuses rodent par ici, c’est la plage, on y rencontre toute sorte de personne. Il fait trop chaud dans les maisons, il faut qu’on sorte pour humer l’air pur au bord de la mer » lâche Toulaye Sarr, commerçante, qui profite du week-end pour échapper aux pics de chaleurs de la ville.
Pour Ndiolé, lunettes de soleil sur la tête, trouvé sur une natte avec son mari. « Nous sommes là pour passer de bons moments, profiter de la mer, car il fait une chaleur de plomb dans les maisons. Il faut vivre. Il faut profiter du temps qu’on a », explique la jeune dame qui s’est mariée récemment habillée en cuissard et d’un soutien-gorge jaune.
Silhouette affinée, deux pièces à pois, Aminata qui dévoile ses formes dit fuir son quartier de Zac Mbao pour cette plage bondée d’inconnus afin de donner un peu de fraîcheur à son corps. « Il est impossible de passer du bon temps dans les maisons en cette période. C’est trop exigu, sans parler du bruit qui sort de partout. C’est pourquoi on profite du week-end pour venir à la plage avec les amies », confie-t-elle.
« Je viens ici pour me baigner et attraper de jolies filles »
Baye Zale est du même avis que la jeune demoiselle. Habitué de la plage de Siprés, le jeune homme d’environ 23 ans profite de la fraîcheur maritime, couché sur sa serviette de bain. Mais ses motivations ne sont pas que climatiques. « il n’y a plus de doute la période des bains à la plage a démarré. Depuis presque un mois, je viens ici quotidiennement pour m’entraîner avec mes amis, mais aussi attraper de jolies filles. Beaucoup de filles viennent ici se baigner et je propose de leur apprendre à nager pour les aborder parfois, je réussis à avoir leurs numéros de téléphone, histoire de garder le contact » dit-il enjôleur avant d’aller rejoindre ses amis qui l’invitent à une partie de football.
« Il a essayé de me violer avec son doigt »
Lieux de détente, les plages sont aussi les endroits de prédilection de certains hommes vicieux qui profitent du gros désordre dans l’eau pour essayer de violer ou harceler les filles qui ont le malheur de croiser leurs routes. Maty Ndiaye, une collégienne vêtue d’un short en jeans n’ose pas s’aventurer loin à cause de sa mauvaise expérience de l’année dernière.
« J’étais en train de me baigner quand tout à coup, j’ai senti un gars venir se coller à moi pour essayer de m’apprendre à nager. Il m’emmenait plus loin dans l’eau, je n’avais plus pied. Je criais et je m’accrochais à lui, il en a profité pour essayer de me violer avec son doigt. Heureusement, un des maîtres-nageurs a remarqué qu’on était éloigné, c’est ce qui m’a sauvé. J’étais terrorisée. De puis lors quand je reviens ici, je ne m’aventure pas dans l’eau de peur que la prochaine fois, la personne réussie à me violer vraiment », raconte-t-elle avec un air de traumatisée.
« La plupart des hommes présents ici sont en manque et recherche de la chair fraîche »
Debout sur une roche, Ibrahima Diop, unique maître-nageur repéré sur les lieux essaie tant bien que mal de surveiller les jeunes qui pataugent dans l’eau a quelques mètres de lui. Short vert et torse-nu, il souffle dans un sifflet rouge pour rappeler à l’ordre quelques nageurs qui s’éloignent.
« C’est difficile de contenir les jeunes quand ils s’amusent. Ils n’en font qu’à leur tête et se mettent en danger. Sans surveillance, les garçons s’aventurent loin et ils ont tendance à emmener les filles dans leurs délires. Je suis obligé parfois de les faire sortir de l’eau. Ce ne sont pas encore les grandes vacances, mais la plage de Siprés déborde de monde les week-ends surtout, les jeunes à la recherche de plaisir et d’évasion », explique le maitre-nageur.
Dénonçant les actes vils de certains hommes qui se remarquent de plus en plus dans les plages, il confirme les dires de la jeune collégienne Maty Ndiaye. « La plupart des hommes présents ici sont en manque et recherche de la chair fraîche. Les garçons portent les filles dans leurs bras, faisant comme s’ils voulaient leur apprendre à nager. Une façon de partager un peu d’intimité avec elles. Ils sont souvent entourés par des groupes qui barbotent sans faire attention à eux. Ils en profitent pour parfois violer les filles avec leurs doigts. Mais il y a aussi des couples de jeunes qui passent la journée enlacés dans l’eau à faire n’importe quoi », renseigne le maître-nageur, avant de retourner à son poste de guet.