L’assistance présente dans la salle du tribunal a remarqué que c’est un accusé de mauvaise foi. Il a servi trois versions différentes pour tromper la justice, mais il n’a pas réussi. En effet, le vendredi 10 avril 2015 vers les coups de 15 heures, la défunte Fatou B. a quitté chez elle pour se rendre à l’école coranique. En chemin, elle a été interpellée par l’accusé qui l’a invitée dans sa chambre. Quand il a voulu la forcer à des rapports sexuels, elle a refusé. Elle se débattait et il l’a étranglée jusqu’à ce qu’elle trépasse et l’accusé a rejoué la scène devant le magistrat instructeur. Il a fait savoir que la fille est morte avant même qu’il puisse jouir.
Interrogé sur les faits, il a regretté son acte. “Je ne sais pas ce qui m’a poussé à commettre mon acte. C’est moi-même qui suis allé à la police. Lorsque je suis parti à la police, les policiers n’ont pas voulu me croire”, dit-il. Le président de la Chambre lui demande de dire ce qui s’est passé. Il déclare : “de retour du boulot, j’ai croisé une fille. Elle avait un livre coranique. Et je lui ai dit que j’avais besoin d’elle. Elle m’a suivi dans ma chambre, je lui ai proposé d’entretenir avec elle des rapports sexuels. Ce qu’elle a accepté. Mais j’ignore ce qui m’a poussé à agir ainsi. Je l’ai empoignée et elle est tombée et de la bave sortait de sa bouche. Je l’ai étranglée avec ses habits. Au fait, après le rapport que j’ai entretenu avec lui, elle a voulu partir. Je l’ai retenue car je ne voulais pas qu’elle croise les fidèles qui revenaient de la prière de vendredi.
C’est en prison que j’ai su qu’elle habitait dans le même quartier. Ce jour-là, je n’étais pas ivre. Je n’ai jamais eu l’intention de commettre un meurtre. Je ne fume pas et je ne bois pas. Je n’ai jamais eu de problèmes mentaux”, se défend l’accusé.
Témoin dans cette affaire, Fatou D. mère de l’accusé, a révélé que ce jour-là, son fils a entrebâillé sa porte. “Au moment des faits, il sortait sa tête pour voir s’il y avait quelqu’un avant de s’enfermer. Il est sorti à nouveau en pleurant et m’a confié avoir tué la fille. Il a voulu partir mais je l’ai retenu. Il m’a dit qu’il ne fuyait pas mais qu’il se rendait à la police”, dit-elle.
À son tour, l’avocat de la partie civile, Me Camara, a souligné que sa cliente a perdu la vie dans des circonstances extraordinaires. “On a affaire à un psychopathe. C’est quelqu’un qui a commis un acte odieux en ayant pourtant toute sa lucidité.”
Dans sa famille, il est décrit comme un individu coléreux, très impulsif qui n’épargne personne même sa propre mère. Tout le contraire de la jeune fille. La défunte est peinte comme une fille très naïve même son maître coranique l’a confirmé”, a souligné la robe noire.
Aujourd’hui, explique Me Camara, la famille de la victime est peinée. Et ils n’ont pas eu le courage de venir assister à ce procès parce que cela réveille des souvenirs douloureux. “L’accusé a tenté de prendre le tribunal par les sentiments. Ça ne passera pas”, a plaidé le conseil de la partie civile qui sollicite qu’il soit condamné à la hauteur de ses actes.
Prenant la parole pour faire son réquisitoire, l’avocat général est revenu sur les faits alléguant que les éléments du commissariat de Yeumbeul ont été saisis par le nommé Ousmane S. ” L’accusé s’était rapproché de leur service pour leur signaler la découverte d’un corps sans vie dans sa chambre. Il leur dira dans un premier temps qu’il ne sait pas comment le corps sans vie s’est retrouvé dans sa chambre. Quand les limiers se sont déployés sur les lieux, ils ont trouvé la fille dans un état second. Et l’autopsie a révélé qu’elle est morte par étrangulation. Acculé devant les enquêteurs, il laisse entendre qu’en réalité, il connaît la fille. Elle était sa copine et d’ailleurs, ils ont entretenu à deux reprises des rapports sexuels”, a mentionné le parquet.
Il poursuit : “quelques jours plus tôt, il lui avait acheté un nouveau téléphone, mais le jour des faits, la fille est venue chez lui sans le téléphone. Quand il lui a demandé où est ce qu’il l’avait laissé, la défunte lui a dit qu’elle l’a vendu à 9 000 cfa. S’en est suivi une altercation et il ne sait pas ce qui l’a poussé à l’étrangler”.
Et devant le magistrat enquêteur, indique le maître des poursuites, il change encore de version pour dire que ce vendredi-là, juste avant la prière, il avait aperçu la petite qui tenait son livre de Coran. Il s’est approché de lui et a demandé à lui parler. Par la suite, il l’a entraînée dans sa chambre. Il a voulu le forcer à des rapports sexuels, mais elle a refusé. Et puisqu’elle se débattait, il lui a serré le cou pour commettre son acte sans savoir qu’il l’étranglait.
Et aujourd’hui devant la chambre, il dit que la fille était consentante. Seulement, elle a voulu sortir de la chambre juste après l’acte. De peur qu’elle rencontre sur son chemin les fidèles qui revenaient de la prière, il l’a sommée de rester. Mais elle a dit niet. Elle forçait la porte de sortie et c’est ce qui l’a poussé à l’étrangler.
Selon lui, les faits en l’espèce à savoir la séquestration suivie de mort, viol, pédophilie et détournement de mineur sont tous caractérisés contre l’accusé. Ainsi, il requiert contre l’accusé Ousmane S. la réclusion criminelle à perpétuité.