Yérim Seck placé en garde à vue pour avoir contesté les chiffres fournis par le Premier ministre Ousmane Sonko. C’est en tout cas, ce qui semble ressortir de l’interrogatoire de l’ancien journaliste de “Jeune Afrique” hier à la Police
Dans sa livraison de ce mercredi, L’Observateur a consacré une bonne page à l’affaire Cheikh Yérim Seck. Le quotidien renseigne que le journaliste a été convoqué pour ses propos sur les chiffres avancés par le Premier ministre lors de sa sortie pour justifier des détournements faits par l’ancien régime de Macky Sall. Chiffres qu’il avait démentis. En lui montrant un court extrait de l’émission (L’invité de Mnf), les enquêteurs lui ont demandé de revenir, de façon concise, sur les chiffres qu’il avance. Le journaliste a vite fait de les corriger, leur disant qu’il n’a pas annoncé de chiffres, que c’est le Premier Ministre qui a avancé des chiffres, à propos du déficit public et du ratio de la dette par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut).
Mais les policiers ont voulu savoir s’il avait l’intention de remettre en cause la véracité de ces chiffres ou d’exprimer un point de vue personnel. Cheikh Yérim leur rétorque que son intention était, dans le cadre de l’expression de son point de vue personnel, de remettre en cause la véracité des chiffres avancés par le Premier Ministre. Il ajoute que de science certaine, aucune des sources habilitées, notamment le Fmi et la Banque mondiale, n’a donné les chiffres avancés par le Premier ministre.
Selon L’Obs, il a précisé que même le site officiel du Ministère des Finances du Sénégal ne donne pas ces chiffres. Cheikh Yérim pousse les choses plus loin en leur disant que même le rapport de la Cour des Comptes, organisme habilité, n’a pas donné ces chiffres avancés par le Premier ministre. Face aux questions des limiers pour savoir sur quelle source il s’est basé, le journaliste leur apprend que toutes les sources habilitées, attestent que ce que dit le Premier ministre est faux.
Les enquêteurs lui demandent ensuite s’il a vérifié les informations données par Sonko auprès de sources crédibles ou officielles. Cheikh Yérim est resté sur sa ligne de défense et a laissé entendre aux enquêteurs, selon des sources proches de l’enquête, qu’il n’y a pas meilleure source que le site officiel du Ministère des Finances du Sénégal, dont les chiffres diffèrent de ceux avancés par le Premier Ministre.
II leur apprend que même le représentant résident du Fmi a confirmé, dans une interview, les chiffres antérieurs à la déclaration du Premier Ministre. Il leur précise également qu’aucun pays de l’Uemoa avec un déficit supérieur à 10% ne peut lever de fonds, selon la réglementation communautaire. Il ajoutera que rien qu’en septembre 2024, le Sénégal a levé trente-cinq (35) milliards sur le marché de l’Uemoa. Ce qui est, selon le journaliste, la preuve que le chiffre de déficit budgétaire avancé par le Premier ministre est faux.
C’est là que les enquêteurs lui auraient dit que ses propos seraient diffamatoires à l’encontre du Premier Ministre ou même susceptibles de troubler l’ordre public. Le journaliste, niant avoir diffamé qui que ce soit, leur a signifié avoir dit des faits étayés par tous les organismes spécialisés sur la question. Il ajoute que sa seule intention était de rétablir la vérité des faits dans l’intérêt d’un dialogue démocratique et juste.
Il leur a aussi signifié, selon L’Obs, que le fait que les nouvelles autorités aient pu lever 1,665 milliards FCfa depuis leur arrivée au pouvoir prouve que ce que le Premier ministre a dit est faux. Car au-delà d’un déficit de 10 % et d’un ratio de la dette de 80% par rapport au Pib, on ne peut lever un franc Cfa. Il ajoute que les documents pour prouver cela sont partout. Retrouvez l’intégralité de l’article dans L’Observateur.