Sarah Abitbol : «J’ai été violée à 15 ans par mon entraîneur»

La championne de patinage artistique s’est confiée à « L’Obs ». De son côté, « L’Équipe » a enquêté sur les agressions sexuelles subies par les sportives mineures.

Le Point.fr

 

 

 

Sarah Abitbol, l’une des plus grandes championnes du patinage français, brise le silence. La célèbre patineuse s’est confiée à L’Obs. Pour la première fois, elle a raconté l’enfer vécu dans sa jeunesse. Après des années à se taire, la sportive de 44 ans révèle avoir été violée pendant deux ans à l’âge de 15 ans par son entraîneur. Des abus que la championne dévoile également dans un livre, Un si long silence (Plon).

Un témoignage bouleversant. « Je suis une handicapée de la vie, murée dans l’angoisse. Dans ma tête, je suis une proie. À 15 ans, j’ai dormi en dehors de chez moi, j’ai été vulnérable, et vous en avez profité », écrit Sarah Abitbol. « Aujourd’hui encore, dès que je sors de la maison, j’ai peur. J’ai horreur d’aller dans les lieux que je ne connais pas. L’inconnu est forcément synonyme de danger. Je ne peux pas voyager seule. Conduire une voiture sans quelqu’un à mes côtés m’a longtemps été impossible. Prendre l’avion est une torture. »

« J’ai été violée à 15 ans »

Dans une vidéo publiée sur le site de L’Obs, la multimédaillée aux Championnats d’Europe raconte son cauchemar : « Nous sommes toutes les filles dans des box séparés, mais il n’y a pas de porte. Cet entraîneur a pour habitude de venir avec sa lampe-torche et de vérifier si les filles sont bien à l’étage des filles. Un jour, cet entraîneur me réveille par sa lampe. Il est assis sur mon lit. Il s’est approché tout doucement et il s’est mis à m’embrasser. Voire plus. » Et d’ajouter : « Il a commencé à faire des choses horribles, jusqu’aux abus sexuels. J’ai été violée à 15 ans. C’était la première fois qu’un homme me touchait. » Sarah Abitbol s’est tue pendant de longues années. Elle n’a jamais porté plainte. Aujourd’hui, les faits sont prescrits.

Une histoire loin d’être isolée. Mercredi 29 janvier, L’Équipe sort également une grande enquête sur ces « entraîneurs gourous » et l’emprise qu’ils exercent sur ces mineures. « Il n’est plus tolérable que des fédérations se cachent derrière les conventions qu’elles ont signées avec des associations luttant contre les violences sexuelles pour dire qu’elles agissent », martèle Jérôme Cazadieu, directeur de la rédaction du journal, dans son édito. Dans ce dossier, le journal sportif s’est intéressé aux agressions sexuelles et aux viols subis par huit femmes, grands espoirs de la natation et du patinage artistique.

« Il m’a cassée psychologiquement »

À l’image de trois anciennes patineuses de haut niveau qui témoignent pour la première fois des violences sexuelles infligées par leurs entraîneurs. Les trois jeunes filles ont été hébergées par leurs entraîneurs et ont subi des agressions sexuelles répétées. Elles n’ont jamais porté plainte, mais veulent, aujourd’hui, « encourager d’autres sportives à en parler et à aller en justice ». Pour Michel Abravanel, vice-président du conseil fédéral de la Fédération française des sports de glace, « il n’y a pas de problème de violences sexuelles dans le patinage ». Contacté par le journal, Didier Gailhaguet, le président de la Fédération, n’a, lui, répondu à aucune sollicitation.

À Font-Romeu, plusieurs nageuses de haut niveau accusent également un entraîneur de les avoir agressées sexuellement pendant leurs années de sport études. Aujourd’hui, l’homme est référent pour le sport études d’un lycée du Canet-en-Roussillon. Rien n’est inscrit sur son casier judiciaire. Pour les victimes, le traumatisme est intact : « Il m’a cassée psychologiquement », « Je suis sous médicaments depuis cette époque », « Il a brisé ma carrière ».

Marlène Schiappa réagit

Le quotidien sportif rapporte également le témoignage glaçant d’Isabelle Demongeot, joueuse de tennis professionnelle dans les années 1980. Elle dénonce le manque d’attention accordée aux victimes. « On porte ça sur nous, tout le temps. C’est ça qu’il faut réaliser. » Aujourd’hui, elle lance un appel : « Est-ce qu’un homme politique serait prêt à prendre ce sujet en main ? Madame Macron ne pourrait-elle pas s’en saisir ? »

Dès la publication de cette enquête, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a publié un communiqué. Elle « adresse [son] soutien sans réserve à ces femmes ». Avant de rappeler que « le fait d’être âgé de moins de 15 ans caractérise désormais une contrainte morale, donc un viol ».

 

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