Arrêté vendredi dernier, le journaliste Pape Ndiaye a été placé sous mandat de dépôt hier. Le chroniqueur judiciaire de Wal fadjri est poursuivi pour appel aux représailles contre des membres de la justice, diffusion de fausses nouvelles, discrédit sur l’institution judiciaire, outrage à magistrats, mise en danger de la vie d’autrui et provocation d’un attroupement non-autorisé.
D’après Libération, face aux enquêteurs de la Sûreté urbaine, Pape Ndiaye a maintenu les propos qui lui valent son incarcération et refusé de divulguer ses sources. Le journal rapporte que le mis en cause a, en effet, maintenu que dix-neuf substituts du procureur de la République avaient demandé, au terme de l’instruction, le classement sans suite de l’affaire Sweet Beauty ou un non-lieu en faveur de Ousmane Sonko, renvoyé devant la Chambre criminelle pour viol et menaces de mort contre Adji Sarr.
Le journaliste a ajouté qu’aussi bien Serigne Bassirou Guèye, ancien procureur de la République, que son successeur, Amady Diouf, ont ignoré la proposition des substituts pour requérir le renvoi en chambre criminelle. Ces deux anciens chefs du Parquet avaient justifié leur position, d’après le chroniqueur de Walf, par le fait qu’elle serait la volonté du Président Macky Sall avec comme dessein final : rendre le président de Pastef inéligible.
Pape Ndiaye a enfoncé le clou en affirmant que ce choix a valu à Amady Diouf d’être promu président de la Cour d’appel de Dakar et aux substituts «récalcitrants» d’écoper des «affectations punitives dénoncées par les magistrats eux-mêmes à travers des communiqués publics».
Invité par les policiers à produire les communiqués en question, Pape Ndiaye a déclaré que ceux-ci sont disponibles dans sa boîte mail et sur les réseaux sociaux. Sur l’identité de ses sources, en revanche, le journaliste a maintenu sa position de départ : pas question de griller ses informateurs.
Lorsque les enquêteurs lui ont fait remarquer que le Parquet de Dakar compte au total treize magistrats alors qu’il a parlé de dix-neuf substituts, le chroniqueur judiciaire a déclaré qu’il serait possible que son informateur l’ait induit en erreur. Auquel cas, s’est-il empressé d’ajouter, d’après Libération, il fait amende honorable.