ls sont des ténors du barreau, habitués aux grands procès. Ils sont également réputés pour leurs qualités de grands pratiquants du droit, redoutables procéduriers, pénalistes, rhéteurs. En place, les avocats qui ont été constitués pour assurer la défense de Ousmane Sonko, accusé de viols répétitifs et menaces de mort par la masseuse Adji Sarr, entendue au fond du dossier par le juge d’instruction du 8e cabinet à la veille de la levée de l’immunité parlementaire de son présumé bourreau. Lequel pourra être entendu, maintenant, à tout moment par le juge en charge du dossier. En attendant le développement de l’affaire, nous faisons un zoom sur les robes noires qui doivent tirer d’affaire l’opposant Ousmane Sonko.
Me Ciré Clédor Ly, seul spécialisé en droit pénitentiaire
Présenté comme l’un des meilleurs pénalistes du Sénégal, Me Ciré Clédor Ly a capitalisé plus de 35 ans de barre. Il est célèbre grâce aux grands dossiers dans lesquels il est constitué comme ceux de la Sicap, de l’Ipres, de la Caisse de Péréquation et de Stabilisation des Prix, de l’affaire des Inspecteurs du Trésor, des Impôts et Domaines, de l’affaire Adel Korban, de feus Ino et Alex, de l’affaire Luc Nicolaï, ou encore de celui de feu Cheikh Béthio Thioune…
À l’international, il fait partie du pool d’avocats de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo qu’il a réussi à faire obtenir une liberté provisoire. Il figure dans le cercle restreint des avocats sénégalais admis à la Cour pénale internationale. Cette nouvelle étape, qui survient au terme de 28 ans d’expériences au Barreau du Sénégal, sonne comme un sacerdoce pour celui qui compte être à la hauteur des attentes de la CPI. C’est au cours d’un son séjour à Abuja dans la capitale nigériane qu’il en a été informé par sa secrétaire.
Titulaire d’une maîtrise en droit public à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Me Ciré Clédor Ly est l’un des rares avocats sénégalais spécialisés en droit pénitentiaire. Il est l’avocat de Thierno Ousmane Sy, Laurent Gbagbo, John Oby, De brillants jeunes avocats sont passés par son cabinet en tant que stagiaire, notamment Me Bamba Cissé… Né le 17 septembre 1957 à Guinguinéo (région de Fatick), Me Ly a signé son entrée au barreau en 1983.
Me Demba Ciré Bathily, l’éternel défenseur des droits humains
Voilà un avocat à cheval sur les principes relatifs aux droits humains. Le souci du respect des droits humains, c’est son bréviaire. Cet ancien président de la section sénégalaise d’Amnesty international était constitué dans le dossier Karim Wade dès les premières heures. Il est bien connu pour la défense et la promotion des droits de l’homme.
Dans le procès de Wade-fils, il a toujours veillé au respect des droits de la défense dont la seule violation suscite une objection de sa part. Me Bathily est avocat d’Abdoulaye Baldé, Aida Ndiongue, Tahibou Ndiaye, les victimes du régime de Habré… Bardé de diplômes et constitué dans beaucoup d’affaires signalées, il est diplômé en droit à l’Ucad, sorti de l’Ena, titulaire d’un DEA à l’Institut des droits de l’homme et de la paix (Idhp).
Me Bamba Cissé, un orfèvre du droit
Il a de la carrure et de la prestance. Jeune avocat pétri de talents et de valeurs, Me Bamba Cissé séduit de par ses plaidoiries. Orfèvre du droit, il est l’un des meilleurs avocats de sa génération et allie compétence, modestie et élégance. Ancien secrétaire de conférence et lauréat du premier prix des Barreaux Francophones d’Afrique, Maître Bamba CISSÉ est un avocat au Barreau de Dakar depuis 2003. Il dispose d’une pratique pointue à la fois en droit pénal, en procédure pénale, en droit civil et procédure civile sénégalaise.
Très polyvalent, Me Cissé intervient également dans tous les domaines du droit bancaire, social, civil et commercial. Il est aussi membre de l’Union Internationale des Avocats et d’Avocats Sans Frontière, section Sénégal. Son premier grand procès, c’est l’affaire Cheikh Diop de CNTS. A l’époque, il était un très jeune avocat. Il a également défendu de grandes personnalités de ce pays telles le chanteur Thione Seck, le promoteur de lutte Luc Nicolaï, le prêcheur Taib Socé, Mbaye Touré (dans l’affaire Khalifa Sall). Il a défendu l’Imam Alioune Ndao. Il a été aussi avocat de Tombong Oualy et du maire de Guédiawaye Aliou Sall.
Me Ndoumbé Wane, la dame de fer du groupe
Me Ndoumbé Wane se distingue des femmes du barreau grâce à son port vestimentaire (elle s’habille toujours en chemise et en pantalon), la tête toujours coiffée à ras. Elle domine le droit et la sape. Petite de taille, mais grande par l’esprit, la benjamine du pool d’avocats commis pour assurer la défense de Ousmane Sonko, s’est imposée en tissant sa toile. Amoureuse du droit, elle est élégante, éloquente et captivante.
Grâce à sa pertinence, cette jeune avocate inscrite au barreau en 2009, a créé un consensus autour d’elle. Elle fait l’unanimité. Elle est une dame très respectée dans le domaine de la justice. D’ailleurs si elle a été élue secrétaire de conférence, fonction rarement attribuée à une femme dans le barreau, c’est grâce à sa pertinence et le respect qu’elle incarne. Elle est décrite par ses confrères et consœurs du barreau comme une avocate intègre, loyale et sincère, prête à défendre l’autre face à l’injustice. Lors du procès de Imam Alioune Ndao, elle était l’avocate de l’une des épouses de Matar Diokhané en l’occurrence Amy Sall. Cette dernière s’en est sortie grâce à elle.
Me Joseph Etienne Ndione, avocat pour combattre l’injustice
Son père, fasciné par la tenue, voulait qu’il devienne commissaire de police ou un gradé dans l’armée. Hélas, Me Etienne Ndione a préféré la robe noire. Issu de la promotion de 1996, il est devenu avocat pour, dit-il, combattre l’injustice. À la suite d’une grève au lycée Limamou Laye, il avait assisté à une scène qui lui a fendu le cœur. « Des policiers tabassaient une jeune femme qui n’observait pas le mouvement. J’ai été révolté par cet acte et c’est ce jour-là que j’ai juré que je deviendrai avocat pour défendre les victimes d’injustice. Je suis prêt à mourir pour combattre une injustice », raconte Me Etienne Ndione qui, il faut le retenir, est un fervent défenseur des droits humains.
Pur produit de l’école sénégalaise, Me Joseph Etienne Ndione a démarré ses études à l’école des Sœurs Notre Dame du Cap vert de Pikine avant d’atterrir au lycée Seydina Limamou Laye pour ses études secondaires. Le bac en poche, il s’ inscrit à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Avocat très posé, Me Ndione a défendu beaucoup de personnalités de ce pays. Mais, ironie du sort, le procès qui l’a le plus marqué est une affaire de viol. Et le mis en cause était, à l’époque, un étudiant en sixième année de médecine. Ce dernier risquait la peine maximale qui était de dix ans. Sa pertinente plaidoirie, basée sur les articles du Code pénal et du code de procédure pénal, a pu sauver son client qui, aujourd’hui, est devenu un grand médecin dans un hôpital de la place. Un autre procès durant lequel, Me Ndione s’est bien illustré, c’est l’affaire Imam Ndao et Cie, accusés de terrorisme. Il assurait la défense de Saliou Ndiaye, décrit comme le numéro 3 de la bande. « C’est lui-même qui m’avait choisi pour le défendre. Cela m’avait fait plaisir. Je l’ai bien défendu et grâce à Dieu, il s’en était sorti », s’en glorifie, avec modestie, Me Etienne Ndione. Très peu présent dans les colonnes de la presse, il préfère plaider devant les juges, qui sont les seuls à convaincre dans une affaire, que devant les caméras de télévision.
Cependant, il n’hésite pas à tremper sa plume pour faire des contributions pertinentes sur des sujets d’actualité. Il a été le premier avocat à dénoncer la loi criminalisant le viol. Il avait fait une contribution sur le port des caméras piétons pour combattre les violences policières.
Me Ousseynou Ngom, un plaideur teigneux
Il s’ inscrit au barreau en 2005 et fait son stage au cabinet Sow Seck et Diagne. Il a fini son stage en 2008 et est resté collaborateur à ce cabinet une dizaine d’années avant d’ouvrir son propre cabinet. « C’est avocat loyal, confraternel et très jovial et d’une urbanité sans commune mesure », a témoigne Me Ousmane Thiam qui l’a remplacé à la tête de l’Association des Jeunes Avocats du Sénégal (AJAS).
Au-delà du statut d’avocat, Me Ngom est décrit comme un homme généreux dans le savoir et dans la vie, toujours le sourire en bandoulière. Côté professionnel aussi c’est un redoutable plaideur très teigneux, intelligent et très compétent. Il est sorti major de sa promo au concours de plaidoirie qu’on appelle conférence du stage au Sénégal et est aussi lauréat du concours de plaidoirie en Afrique qui se tient au Bénin appelé CIFAF. Bref, c’est un jeune et très bon avocat. Il fait partie des avocats qui ont fait condamner l’ancien président tchadien Hissène Habré.
Me Cheikh Khouressi Ba, le révolutionnaire du barreau
S’il fait partie des avocats les plus connus dans le landerneau judiciaire, c’est grâce à sa pugnacité dans ses plaidoiries. Révolutionnaire, Me Cheikh Khouressi Bâ est devenu, aujourd’hui, le défenseur de la cause des activistes. À chaque fois que ces derniers sont arrêtés, il donne d’abord l’information sur sa page avant de les rejoindre au lieu où ils sont retenus pour assurer leur défense. Kémi Saba, Guy Marius Sagna, Karim Xrum Xax, Assane Diouf entre autres peuvent en témoigner. Il les a tirés d’affaires à plusieurs reprises. Ce, grâce à des plaidoiries pertinentes qui ont permis à la balance de basculer du côté de ses clients.
Inscrit au barreau en 1988, Cheikh Khoureyssi Ba est un brillant avocat, toujours paré à la bataille contre l’injustice. Il réclame toujours une bonne administration de la justice en respectant les droits de la défense qui, a-t-il l’habitude, sont sacrés dans un procès pénal. Fils d’un juge, Me Cheikh Khouressi Bâ, né en 1956 à Dakar, a vécu dans un environnement judiciaire. C’est la raison pour laquelle il a toujours refusé de participer à tout ce qu’il considère une parodie de justice. Il a, à plusieurs reprises, boudé des audiences parce qu’il n’était pas d’accord avec la façon dont les débats sont dirigés par le président du tribunal.