Mallettes, djembés ou “sacs de la marque Puma” remplis de cash: le lobbyiste Robert Bourgi, homme de l’ombre de la Françafrique, revient dans un livre sur le financement par des chefs d’Etat africains du RPR et de son chef de file Jacques Chirac.
Dans “Ils savent que je sais tout”, un ouvrage d’entretien paru aux éditions Max Milo, Robert Bourgi décortique les relations incestueuses entre la France et ses anciennes colonies africaines et le rôle qu’il y a joué, aiguillé par son “mentor” Jacques Foccart.
Les valises d’argent convoyés au profit du parti gaulliste, sans “jamais” toucher lui-même à l’argent, “je le voyais avant tout comme un soutien à ma famille politique”, affirme-t-il.
Il raconte le financement du RPR par la communauté libanaise d’Abidjan où il était installé au début des années 1980, un total de “10 millions de dollars au minimum” versés par Denis Sassou Nguesso (Congo), Omar Bongo (Gabon), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Mobutu Sese Seko (Zaïre) au profit de Jacques Chirac à l’approche de la présidentielle de 1995.
Avant la présidentielle de 1988, il relate avoir croisé, dans l’antichambre du bureau d’Omar Bongo, Roland Dumas, venu lui aussi chercher une valise d’argent pour le compte du président socialiste François Mitterrand.
“Omar Bongo alimentait également le PS”, il misait “sur tous les chevaux pour être certain d’avoir le gagnant” comme il l’a fait en 1995 également au profit d’Edouard Balladur, “surtout pour assurer ses arrières” en cas de victoire face à Jacques Chirac.
Pour la présidentielle de 2002, ce sont à nouveau “près de 10 millions de dollars” qui ont été versés pour la campagne de Jacques Chirac par les présidents gabonais, congolais, ou encore Abdoulaye Wade (Sénégal), assure-t-il.
Blaise Compaoré fera déposer à l’Elysée 3 millions de dollars dans quatre djembés, l’Ivoirien Laurent Gbagbo, pourtant proche des socialistes, la même somme dans des “sacs de la marque Puma”, clame-t-il.
“Chirac aimait les sous! Peu importe de qui ils venaient. Il était irrésistiblement attiré par l’argent”, estime-t-il. En revanche, il n’y a selon lui “jamais eu d’argent africain” au profit de Nicolas Sarkozy dont il s’est rapproché à partir de 2005.
Les chefs d’Etat africains se prêtaient à ces financements selon lui par “clientélisme politique au premier sens du terme. La France restait très influente en Afrique”.
Rémunéré par ces derniers, Robert Bourgi explique avoir “joué les intermédiaires” à leur profit. “Mes missions consistaient à faire passer des messages plus ou moins cryptés. Je contourne la diplomatie officielle”, détaille le lobbyiste qui a endossé la robe d’avocat pour obtenir un statut “officiel”.
Bourgi, habitué des coups médiatiques, avait déjà formulé la plupart de ces accusations en 2011 dans la presse, en pleine enquête judiciaire sur “les biens mal acquis”. Ces propos avaient provoqué l’ire de Jacques Chirac qui l’a attaqué en diffamation avant de se désister en 2013.