Dans les lieux de privation de liberté, les détenus ne sont pas seulement confrontés aux difficiles conditions de vie. Ils subissent également la fameuse fouille corporelle, un contrôle effectué par les gardiens pénitentiaires dès leur arrivée en prison. Cependant, cette pratique, jugée humiliante et dégradante par les détenus, a plongé certains d’entre eux dans un profond traumatisme.
À 62 ans, père de 9 enfants, Ousmane S., polygame marié à deux épouses, n’a pas oublié la fouille corporelle qu’il a subie en même temps que son fils de 19 ans. Cette situation fait suite à une violente altercation avec leurs voisins à Somone. Le souffle court et le regard fuyant, Ousmane S., récemment libéré, revient sur cet épisode avec émotion sur les colonnes de L’Observateur, ce lundi. « Mon fils et moi avons été arrêtés après une bagarre et conduits à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Mbour. Dès notre arrivée, les gardiens m’ont déshabillé sans hésitation. J’étais nu comme un ver devant mon propre enfant. Nous avons tous les deux subi la fouille dans une même pièce de la prison. Une scène humiliante que j’emporterai dans ma tombe », se lamente-t-il, les yeux rougis par la colère. Devenu imam de la « Grande cour » de la prison, Ousmane S. estime que l’être humain perd sa dignité dès son entrée en prison. « Vous imaginez ce que j’ai ressenti à mon âge quand les gardiens ont tripoté mon sexe sous les yeux de mon fils, avant de me forcer à leur montrer mon derrière pour vérifier que je n’y cachais rien », s’indigne-t-il. Condamné à un mois de prison avec son fils, Ousmane confie que ce n’était plus son statut de prisonnier qui l’affectait, mais bien cette fouille corporelle. « Une fois dans ma cellule, j’ai pleuré toute la nuit. Depuis cet épisode, mes relations avec mon fils ont changé. Il m’évite, et je ne souhaite plus que la mort. »