Il disparaît avec les tontines Tabaski des marchés Zinc, Thiaroye, Chavanel et Waranka

A quelques jours de la Tabaski, une grosse panique s’est installée dans les marchés de la banlieue où B.L. Samb a collecté l’épargne de plus d’une cinquantaine de commerçantes, avant de fondre dans la nature. Des plaintes ont été déposées par les victimes.

Coup K.O pour les commerçantes des marchés «Zinc», «Thiaroye» «Chavanel» et «Waranka» situés dans le département de Pikine. Alors qu’elles espéraient récupérer leurs épargnes pour s’approvisionner et préparer tranquillement la fête de la Tabaski, plusieurs commerçants officiant dans ces différents marchés ont été sonnés après avoir appris que le collecteur des épargnes et gérant des tontines a disparu. Hier lundi, dans ces lieux de commerce très connus en banlieue, c’était la désolation chez les victimes, dont certains sont au bord de la dépression. Des économies qui disparaissent et l’espoir qui s’envole du jour au lendemain.

«C’est très difficile à supporter», n’ont cessé de se lamenter la cinquantaine de victimes jusque-là dénombrées. Un chiffre qui pourrait être revu à la hausse après le rush prévu aujourd’hui mardi, vers les différents commissariats de la banlieue pour se plaindre des agissements de l’individu identifié sous les initiales de B. L. Samb. Pourtant tout avait bien démarré lorsqu’ily a trois ans, B. L. S qui s’est spécialisé dans la vente de condiments aux femmes, propose à ses clientes un système d’épargne dont les montants dépendent de la capacité financière de chaque membre. Au quotidien, les membres de ce système d’épargne lui versent des sommes qu’il garde pendant dix mois avant de les restituer après avoir soustrait 1% du montant total en guise de commission.

Très vite, ce système d’épargne basé juste sur la confiance, enregistre un succès énorme en banlieue, notamment auprès de la gent féminine, au point que, dans les différents marchés, des groupes d’épargnantes se forment, tous gérés par B. L. Samb. Pendant deux années, le système fonctionne sans aucun couac, «Certains plus nantis lui remettaient tous les jours 5 000 FCfa et au bout de dix mois, ils reçoivent 1,4 million de FCfa, le reliquat, soit cent mille francs, est gardé par B.L. Samb en guise de commission. D’autres épargnaient de petites sommes et, selon le même procédé, reçoivent au bout de dix mois leurs économies délestées de 1%», a confié hier une commerçante du nom de Ndèye Faye qui a porté la voix de ses collègues.

 

Une dernière tournée pour rassembler les épargnes avant de disparaître

 

Tout allait bien et cette année encore la date du 20 juin avait été retenue pour remettre à chaque membre de ce système d’épargne le montant de ses économies. Quatre jours avant, soit le 16 juin, B.L.S se présente à nouveau, pour récupérer les mises quotidiennes. «Il a fait le tour des quatre marchés et semblait très pressé. Il nous disait qu’après avoir récupéré les mises, il devait se rendre à la banque pour faire l’état de nos économies. Tout le monde était également pressé de rentrer dans ses fonds pour, entre autres, préparer la Tabaski», a soutenu hier Fatou Faye, la voix cassée par l’émotion.

 

C’était la dernière fois que la cinquantaine de commerçantes, membres de ce système d’épargne informel, verront la tronche de B. L. S. Le lendemain jeudi 17, étonnés de son absence, certaines victimes vont tenter, en vain, de le joindre sur son téléphone portable. «B.L.S est devenu injoignable, il a disparu.» Très vite, la phrase fait le tour du marché «Zinc» avant de se répandre dans les autres marchés de Pikine. Gagnés par l’affolement, les commerçants se précipitent à son domicile où les proches de B. L. S leur signifient qu’ils n’ont plus de ses nouvelles et qu’ils sont aussi étonnés qu’eux.

 

Une grande déception s’installe alors dans les différents marchés où les victimes, abattues, ont quand même trouvé assez de forces pour se rendre à la police de Pikine samedi dernier. «C’est le corps lourd que nous nous sommes traînés jusque là-bas, nous sommes abattus», a signifié hier Fatou Faye, accrochée à son retour de la police de Pikine où elle et ses collègues ont été audi- tionnées par un enquêteur.

 

«Le préjudice peut atteindre plusieurs dizaines de millions de FCfa»

 

A Pikine où cette affaire d’escroquerie présumée a fini de faire le tour de la ville, l’heure est à l’évaluation du préjudice. On souffle que des chauffeurs de taxi ont été également grugés par le même individu sur la base du même système d’épargne informel qui lui a permis d’enrôler plusieurs membres. «Le système qu’il nous a proposé était tellement souple que personne ne pouvait imaginer que cela pourrait déboucher sur une arnaque. Remettre tous les jours une modique somme de 500 FCfa, par exemple, sur une durée de dix mois, avouez que la proposition est alléchante, hélas.», s’est désolé un conducteur de taxi qui officie à Tally Boumack et qui n’a pas souhaité décliner son identité.

 

Gambie, Maroc et la seconde épouse de B.L.Samb

 

En attendant de le retrouver, alors que la Tabaski s’approche (entre le 19 et 20 juillet 2021, Ndlr) dans les différents marchés de la banlieue où on compte beaucoup de victimes, l’on continue de se poser des questions sur l’endroit où doit se trouver B. L. S. Si certains soutiennent qu’il a déjà voyagé vers le Maroc, d’autres pensent qu’il a eu des démêlées en Gambie. Et pourtant, il y a juste quelques semaines, peu avant sa disparition, B.L.S convolait en secondes noces. En attendant d’avoir ses nouvelles, les plaintes continuent de s’accumuler dans les commissariats de police situés dans la ville de Pikine.

 

ALASSANE HANNE

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