Dans sa plainte, elle accuse le mis en cause d’avoir abusé d’elle sexuellement. Déroulant le film du viol présumé face aux enquêteurs, la plaignante explique que le maître coranique et guérisseur, qui devait l’aider à tomber enceinte, l’a «sodomisée» après avoir «palpé ses seins», poursuit la source. Qui détaille :
«La première fois, c’est mon époux qui m’a accompagnée chez M. Mbow. Là, Il m’a juste remis un produit avec lequel je devais me baigner. Mais la deuxième fois, il m’a demandée de venir seule. Et lorsque je me suis rendue chez lui, il a exigé que je me déshabille et que je me couche sur le dos. Ensuite, il m’a demandé de penser très fort à une relation sexuelle avec mon époux. Puis, il a d’abord introduit son doigt dans mon anus avant de lever son «thiaya» et de me pénétrer violemment par mon anus. Sur le coup, j’étais incapable de bouger, ni crier encore moins réagir d’une quelconque manière.
De retour chez elle, la dame déclare avoir «tout raconté» à son mari au téléphone. C’est en compagnie de ce dernier qu’elle est allée déposer sa plainte «dès le lendemain».
Le prévenu rejette l’accusation. Repris par L’AS, il soutient mordicus n’avoir «mis que son doigt» afin de «recueillir le liquide empêchait [sa patiente] de tomber enceinte». «Je suis maître coranique et je suis également guérisseur. Je pratique chez moi où il y a aussi bien mes deux épouses que mes disciples tous les jours. Mais, pour le cas de M. Ngom, elle était consentante et j’avais bien pris soin de dire à son mari d’être présent face à la complexité de la procédure de guérison. C’est archi faux, je n’al jamais abusé d’elle. Au contraire, j’ai voulu aider ce couple qui n’avait pas les moyens. Pour exemple, je ne leur ai réclamé que dix mille F Cfa au lieu des 300 000 qu’il devait me payer», s’est-il défendu.
Loin d’être convaincu, le maître des poursuites relève dans son réquisitoire que «les éléments constitutifs du viol» sont établis. «[La victime présumée] a informé le même jour à son mari qu’elle avait été violée. Et, je ne pense pas qu’elle puisse mettre en danger son ménage en allant mentir sur un tel sujet qui pouvait briser son mariage. Mieux, [M. Ngom] a déclaré avoir été violée par voie anale, et c’est ce qui a été confirmé par les lésions anales constatées par le médecin.»
En conséquence, tranche-t-il, «il y a suffisamment d’éléments pour asseoir le viol puni par l’article 320 du code pénal». Le Procureur charge également le prévenu sur les accusations de charlatanisme.
L’avocat de la défense, Me Assane Dioma Ndiaye, plaide le bénéfice du doute. «On ne peut pas condamner là où il existe un doute raisonnable comme en flagrant délit. Et je ne vois pas comment on ne peut pas douter dans cette affaire. Il y a tellement de variations, de contrariétés et de contradictions dans ce dossier. C’est une affaire qui me parait très douteuse. Mais, il ne faut pas oublier que le résultat a été atteint puisque [M. Ngom] est tombée enceinte. Il y a un doute évident qui doit profiter à mon client. Je vous demande de l’acquitter au bénéfice du doute pour le viol. Mais pour le charlatanisme, vous le condamnerez à telle peine qui vous plaira », a-t-il estimé.
Le tribunal, requalifiant les faits, a écarté le viol et condamné le prévenu à cinq ans de réclusion criminelle. Mbow doit également versé 100 000 F CFA de dommages et intérêts à la partie civile, conclut le journal.