Depuis son interpellation à Kaffrine et son acheminement manu militari vers Dakar, Ousmane Sonko est coupé du monde. Brutalisés et gazés, ses avocats se heurtent à un refus catégorique de la Police nationale -qui a barricadé le domicile de l’opposant- de les laisser accéder à leur client. Des actes vigoureusement dénoncés par l’ordre des avocats du Sénégal. Dans un communiqué, le conseil de l’ordre a pris le contrepied du ministre de l’intérieur Antoine Félix Diome qui évoquait, lors de la conférence de presse du gouvernement, la nécessité de maintenir l’ordre public pour justifier ces « restrictions administratives ».
Un motif balayé d’un revers de main par l’ordre des avocats qui déclare sans ambages que « ces actes sont totalement en porte-à-faux avec la protection de l’indépendance, de la dignité et de l’intégrité de l’avocat. Ils sont en porte-à-faux avec le service public de la justice dont l’État a le devoir de garantir le plein et serein exercice ».
Directement interpellé par cette situation, l’ordre des avocats tient à rappeler aux autorités : « d’abord, que les avocats doivent, en leur qualité d’acteurs principaux du service public de la justice et en toute responsabilité, préserver à tout moment, l’honneur et la dignité de leur profession et s’ériger en premiers garants du respect de nos règles ».
L’ordre rappelle ensuite, « qu’il incombe aux pouvoirs publics, donc à l’État, de veiller à ce que les avocats puissent s’acquitter de toutes leurs obligations professionnelles et exercer librement leur ministère, sans entrave ni ingérence, sans intimidation ni violence ». « Accéder à son client ou le rencontrer son avocat sans entraves ni craintes sont, pour l’avocat et pour le citoyen, quelle que soit sa catégorie sociale ou son rang, une exigence ordinaire qui consacre un droit fondamental », martèle-t-il.
Réaffirmant son attachement à ses principes susmentionnés, le conseil de l’ordre appelle « à la levée immédiate de tout obstacle de nature à entraver le libre exercice du ministère de l’avocat et/ou le libre accès de tout citoyen, qui en éprouve le besoin, à un avocat ».