Cheikh Amadou Tidiane Coly, 42 ans, est le directeur général de Colyphyto, manifestement une entreprise spécialisée dans le nettoyage et le traitement phytosanitaire. Marié et père de sept ans, il se réclame «militant des premières heures du Président (Macky Sall)». Dimanche dernier, il s’est présenté à la résidence de ce dernier à Mermoz. Il demande à voir le chef de l’État. Éconduit par l’un des gendarmes en faction, il insiste et menace de s’immoler par le feu, si sa demande n’est pas satisfaite. Il sera interpellé et mis à la disposition de la gendarmerie de Ouakam. Face aux enquêteurs, il a livré ses motivations. L’Observateur a repris ses confessions.
«Je suis chef d’entreprise. J’avais soumissionné et gagné un marché à la Seter portant sur un contrat d’hygiène publique. Selon les clauses du contrat, je devais entretenir les différentes gares de la Seter, de Dakar à Diamniadio. Le contrat a pris effet le 11 mars 2023. Le gros du travail devait démarrer le 20 mars 2023. Mais malheureusement, je suis confronté à des difficultés financières pour l’exécution du contrat. J’ai épuisé tous les moyens à ma disposition pour trouver des moyens financiers me permettant d’honorer mes engagements relatifs à l’exécution de ce marché.
«Je suis allé même jusqu’à rencontrer M. Amar, l’assistant du Médiateur de la République. Le 9 mars 2023, il m’a notifié l’accusé de réception de ma demande d’intercession pour le déblocage d’un dossier au Fongip, avec décharge à l’appui. Compte tenu des lenteurs et ayant perdu espoir, je n’ai vu aucune autre option de me faire entendre que de me présenter au domicile du chef de l’État.
«J’ai débuté avec Seter au courant de l’année 2021. À chaque fois que la société me confiait un travail, elle me versait un acompte de démarrage et après exécution, on me payait le reliquat. Mais les données ont changé avec ce nouveau contrat.
«Pour faire face aux charges, j’avais sollicité mon gestionnaire de compte qui m’a le plus retardé. Ensuite, j’ai été reçu par le secrétaire général de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (DER), qui m’a indiqué qu’ils ne pourront pas m’accompagner, vu mon âge qui dépasse les limites fixées. C’est ainsi qu’il m’a orienté vers le Fongip. Là-bas aussi, ils m’ont dit que le traitement des dossiers se fait par ordre d’arrivée et non par degré d’urgence. J’ai alors déposé des correspondances à la présidence de la République, et je n’ai jamais eu de retour. Je ne savais plus quoi faire.
«Je suis dans un état de détresse avancé. Je me suis dit qu’en me rendant à la résidence du Président, j’aurais des chances de faire passer mon message. À défaut d’obtenir gain de cause, j’avais en tête l’idée de m’immoler sur place.
«Je suis un militant des premières heures du Président. C’est pourquoi je pense à lui, à chaque fois qu’une telle situation se présente. Je tiens vraiment à ce marché qui génère beaucoup d’emplois. Je ne suis pas agressif ni violent, mon seul objectif était de me faire entendre.»