Pape Alé Niang : La connivence assumée

Taxé aujourd’hui de pro-Sonko pour sa proximité avec le leader de Pastef, Pro-Macky et Tanor Boy hier, Pape Alé Niang jongle sur la frontière entre la connivence et la neutralité journalistique.

“Un journaliste ça lèche, ça lâche puis ça lynche”, disait le journaliste français, Jean-François Kahn parlant de la “connivence irréversible” entre journalistes et politiques. La proximité tant décriée entre le journaliste Pape Alé Niang et le leader politique Ousmane Sonko serait à ranger dans ce registre. Pour beaucoup, notamment le camp du pouvoir, entre la nouvelle recrue de la Sen Tv et le leader de Pastef, les relations repoussent les bornes de la neutralité journalistique et semblent épouser les formes d’un “Je t’aime, moi aussi”. Au point qu’ils se demandent si les deux hommes ne sont pas des “associés”.

Le journaliste a fini de faire de Sonko son client favori dans les différentes émissions politiques qu’il anime. Que ce soit à la 2Stv ou à Sen Tv et même à Walf Tv où il a fait un bref passage le temps de la présidentielle du 24 février 2019, Pape Alé est l’un des rares, sinon le seul journaliste à qui Ousmane Sonko accorde la primeur de ses sorties. Le 31 décembre 2019, bis repetita ! Le député a décrypté pour Sen Tv, le message à la nation du président de la République, sur invitation du même Pape Alé Niang qui avait fait de lui le premier invité de son émission Face à Pape Alé, il y a moins de deux mois.

De quoi raviver les suspicions sur leur “supposée” connivence, après l’épisode Dakar matin, le site qu’Ousmane Sonko a cédé (avec le même nom de domaine et le même hébergement) à Pape Alé Niang. La plaidoirie à décharge de Moustapha Diakhaté sur Facebook semble enfoncer davantage le journaliste- supposé être à équidistance- plus qu’elle ne le dédouane. “Macky Sall bénéficiait du même traitement de la part de Pape Alé quand il était à l’opposition”. Ce témoignage de Diakhaté met à nu la propension de l’animateur d’émission politique à tisser des relations très huilées avec les personnalités politiques, notamment celles de l’opposition.

Ami des opposants, adversaire des gouvernants

A l’instar de Franz-Olivier Giesbert (FOG), le connivent et assumé ancien directeur du Figaro et du Point, Pape Alé gère ses sources, peut importe les critiques. Ce qui l’importe en dernier ressort, ce sont les informations dont il peut bénéficier de leur part. “Un homme politique c’est une source, non ! Bah, alors ! Ce que ces gens racontent ne m’ébranle guère. Je fais les choses comme je les sens”, rouspète-t-il, foulant au pied les principes sacro-saints de la neutralité journalistique.

L’auteur du livre-révélation sur la vie privée de son ami Jacques Chirac intitulé ‘La tragédie du président’ (2006) avait en son temps décidé de flirter avec le pouvoir, en déclarant ouvertement : “moi, je baise avec le pouvoir”. Pape Alé Niang, lui, a décidé de fricoter avec l’opposition et les plus en vue d’entre eux : hier Macky Sall et Tanor Dieng, aujourd’hui Ousmane Sonko et Khalifa Sall.

A chaque moment de la vie politique, il a un leader de l’opposition de premier plan avec qui il entretient des relations privilégiées, et très souvent de façon ouverte. Un choix clairement assumé par le concerné. “Qu’on me taxe de connivent ne me dérange point. Ce genre de pression ne m’empêchera pas de faire ce que je veux faire. Ils m’ont taxé de pro-Tanor quand j’étais à Sud Fm, ils m’ont taxé de pro-Idy, Pro-Macky, maintenant c’est pro-Sonko, demain peut-être ce sera pro quelqu’un d’autre. Les partisans de Macky Sall qui soutiennent ces propos aujourd’hui, quand je les fréquentais de 2011 jusqu’en 2013, ils ne m’ont jamais critiqué, alors que les gens du pouvoir me taxaient de connivent”, peste-t-il.

Quitter la presse

Pour se défendre, Pape Alé Niang rappelle que “comme Sonko en 2019, le 31 décembre 2011, Macky Sall était sur mon plateau, il a fait deux heures de temps et cela n’avait pas créé tout ce tollé”. Et lorsque toutes les télévisions refusaient d’inviter Moustapha Cissé Lô, lors du congrès d’investiture de Macky Sall, ajoute-t-il, c’est lui qui lui a aménagé le plateau de l’émission Çamedit mag pour qu’il lise la résolution. “Quand on remettait à Macky Sall la légion d’honneur en France, je suis le seul journaliste à avoir filmé la cérémonie, c’est vous dire qu’on était très proche”, confie-t-il.

C’est que Pape Alé Niang a fini de se faire une religion en matière de journalisme. Sa conviction est qu’une amitié haut placée ne saurait entacher la liberté d’un journaliste. “Un homme politique est une source d’information. Maintenant, le traitement qu’on fait des informations qu’il nous donne dépend de nous journalistes”, rembobine-t-il.

Titulaire d’un diplôme supérieur de journalisme et communication ainsi que d’une maîtrise en sociologie, Pape Alé qui prépare un master en relations internationales n’écarte pas de quitter la presse. L’une des principales raisons, c’est cette posture d’éternel incompris qui lui colle à la peau depuis le début de sa carrière.

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