Le président du Rewmi, Idrissa Seck fera une importante déclaration ce lundi 27 mars 2023, deux jours après la célébration du 11e anniversaire de la deuxième alternance. Une prise de parole, dans un contexte préélectoral, qui n’est pas sans rappeler celle du 25 mars 2013 qui avait mis fin au compagnonnage avec Macky Sall.
Il y a dix ans, le 25 mars 2013, Idrissa Seck avait réussi à voler la vedette à son allié de l’entre-deux-tours, Macky Sall lors du premier anniversaire de son accession au pouvoir. Dans un entretien -au timing intriguant-, accordé au Groupe Futur médias (Gfm) en début de matinée d’anniversaire de la 2e alternance, le candidat de la coalition Idy 4th President, sert un gâteau empoisonné et un bouquet bourré d’épines à son ex-frère libéral du Pds. Le prince du Cayor dont le rêve de devenir 4e Damel (ou président) du Sénégal a été douché dès le premier tour à la présidentielle de 2012 (il est arrivé 5e), crache dans la soupe.
A Gfm, Idy, jadis très avare en mots et qui a tendance à inhiber ses émotions, se lâche pour une fois, étale ses frustrations et ses attentes déçues en versant des larmes. « Le bilan d’étape est facile à faire : il n’y a pas encore grand-chose. La vie reste chère, l’emploi n’a pas décollé, des entreprises en difficulté ferment leurs portes et licencient, les délestages ont repris… », martèle-t-il dans un grand oral aux relents putschistes qui a littéralement secoué la grande coalition à la tête du pouvoir : Benno Bokk Yaakar (Bby). Le divorce est alors consommé. Ses ‘’ex-futurs nouveaux-alliés’’ de Bby qualifient son acte de traîtrise.
« Avec un opposant déclaré, le combat est frontal. Idrissa Seck a fait le choix de saboter la coalition de l’intérieur, ce qui n’est pas acceptable», soutenait le porte-parole du gouvernement Abdou Latif Coulibaly au moment où son chef, Macky Sall avait décidé de répondre par le mépris à une sortie qui n’avait « aucune sorte d’importance » à ses yeux .
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les deux camps (Rewmi et Bby) se sont livrés une guerre politique sans merci (à l’assemblée nationale, dans les médias et dans les urnes) avant de se rabibocher à nouveau à travers une alliance « mbourok Sow » (depuis novembre 2020) qui menace encore ruine.
Le 27 mars 2023, acte final d’un divorce ?
Nourrissant un certain fétichisme des dates, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a encore remis ça dix ans après. Comme ce fut le cas le 25 mars 2013, il a encore perturbé la commémoration du 11e anniversaire de l’accession de Macky Sall au pouvoir. Il a choisi ce jour (samedi 25 mars) pour annoncer une importante déclaration qu’il délivrera, ce lundi 27 mars 2023. Sonnera-t-il le glas de l’entente « mbourok sow » ? Les actes qu’il pose depuis un certain temps pousse à répondre par l’affirmative.
En effet, après une procédure de divorce enclenchée lors du dernier conseil des ministres décentralisé à Thiès, le Rewmiste en chef a sonné la remobilisation de ses troupes deux semaines plus tard. « Vous avez prouvé que votre vision va bien au-delà de Diamniadio […] Qu’il (le Seigneur) continue d’apaiser votre cœur et de fortifier votre esprit pour les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel, d’une telle beauté qu’il n’aura pas d’autre choix que de vous garantir, après une longue et heureuse vie auprès des vôtres, une mention honorable sur les langues de la postérité ». Un message qui avait suscité un grand tollé au sein de la mouvance présidentielle.
Deux semaines plus tard, lors d’une réunion avec les membres de l’état-major de son parti, il a agité la question du troisième mandat. Selon lui, celle-ci constitue une ligne de rupture entre lui et le chef de l’État. « C’était mon point de désaccord avec Abdoulaye Wade, et ça l’est devenu également avec Macky Sall », aurait-t-il lancé lors de cette rencontre, selon des membres de Rewmi ayant assisté à la scène. La déclaration de ce lundi 27 mars pourrait alors être l’acte final du compagnonnage entre le président Macky Sall et son allié trop ambitieux pour suspendre son avenir politique à une hypothétique décision du leader de l’Apr.
Yankhoba Diattara et Aly Saleh Diop sur les pas de Oumar Guèye et Pape Diouf ?
Seulement, une rupture n’est jamais sans conséquence. Le leader de Rewmi l’a su à ses dépens en 2013. Il avait, en effet, perdu deux de ses lieutenants et pas des moindres qui avaient décidé de rester dans le gouvernement. Il s’agit de Oumar Guèye, très proche de Idrissa Seck à l’époque et Pape Diouf. Une saignée s’en est suivie avec les départs de Me Nafissatou Diop et du numéro 2 de la formation Orange, Youssou Diagne…Et plus tard Thierno Bocoum, Abdourahmane Diouf et Déthié Fall quitteront les rangs de Rewmi.
Les mêmes causes pourraient créer les mêmes effets en cas de rupture. Plusieurs observateurs de la scène craignent qu’Idy y laisse des plumes comme en 2013. Propulsés à des stations élevées dans le gouvernement, Yankhoba Diattara (ministre des Sports et poulain inconditionnel d’idrissa Seck) et Aly Saleh Diop pourraient suivre les pas de leurs grand frères, Oumar Guèye et Pape Diouf. C’est donc dire que l’avenir du Rewmi se joue ce lundi 27 mars 2023.