Le nombre de journalistes en détention reste élevé. Fin 2020, ils sont 387 détenus, 54 retenus en otage et 4 portés disparus au cours de l’année, d’après le bilan de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) publié ce lundi, 14 décembre. Le rapport rappelle que 328 journalistes étaient emprisonnés en 2015, et 389 en 2019.
Un décompte qui inclut les journalistes professionnels et non professionnels dont des femmes journalistes. D’ailleurs, leur nombre est en augmentation de 35 %. En effet, “l’année 2020 a permis la libération de détenues emblématiques, comme la célèbre journaliste et militante des droits humains iranienne, Narges Mohammadi, mais a aussi vu 17 autres femmes journalistes jetées derrière les barreaux, dont 4 au Bélarus, qui connaît une répression sans précédent depuis l’élection présidentielle controversée du 9 août 2020, 4 en Iran et 2 en Chine, où la répression s’est renforcée avec la crise sanitaire, ainsi que 3 en Egypte, 2 au Cambodge et 1 au Vietnam et 1 au Guatemala.”
Par ailleurs, l’épidémie de Covid-19 a eu un impact sur le nombre de journalistes incarcérés au cours de l’année. Alors que les appels se sont multipliés pour demander la libération d’urgence des prisonniers d’opinion, dont les journalistes, afin qu’ils ne soient pas exposés au coronavirus en prison, la crise sanitaire a au contraire suscité un nombre d’incarcérations supplémentaires : 14 journalistes, arrêtés dans le cadre de leur couverture de l’épidémie, sont toujours sous les verrous à ce jour.
Dans les détails, plus de la moitié des journalistes détenus à travers le monde (61 %) le sont dans seulement cinq pays. Pour la deuxième année consécutive, la Chine, l’Egypte, l’Arabie saoudite, le Vietnam et la Syrie représentent les cinq plus grandes prisons au monde pour les journalistes.
Ainsi, la Chine, a très largement censuré les critiques de sa gestion de la crise sanitaire sur les réseaux sociaux du pays. Au moins 7 journalistes, lanceurs d’alerte ou commentateurs politiques influents, arrêtés pour leur travail sur la pandémie de Covid-19, sont toujours détenus. Parmi eux, Cai Wei et Chen Mei, deux journalistes non professionnels.
La répression du régime de Pékin ne touche plus que les seuls journalistes nationaux. Une journaliste australienne d’origine chinoise, Cheng Lei, travaillant pour un média chinois, est détenue au secret, sans motif officiel depuis le 14 août 2020. L’éditeur de livres d’enquêtes journalistiques Gui Minhai, un citoyen suédois basé à Hong Kong, enlevé en Thaïlande en 2015, a pour sa part été condamné à 10 ans de prison en février 2020 pour « fourniture illégale de renseignements à des pays étrangers ».
En Afrique, le rapport fait état de trois fois plus d’arrestations en trois mois. Dans ce sens, RSF constate une multiplication par trois du nombre d’arrestations de journalistes, en Afrique subsaharienne, entre le 15 mars et le 15 mai 2020, par rapport à la même période l’année précédente. En tout, 40 arrestations en lien avec la couverture de l’épidémie ont été recensées entre début mars et fin novembre. Au Zimbabwe, le journaliste d’investigation Hopewell Chin’ono a passé près d’un mois et demi derrière les barreaux après avoir contribué à révéler des détournements de fonds publics en lien avec l’achat de matériel destiné à lutter contre le coronavirus.”
Parmi les détenus, RSF recense pour s’en désoler, son correspondant en Algérie, Khaled Drareni, qui collabore également avec TV5 Monde.