Hyménoplastie – Réparation de l’hymen : Entre 250.000 à 1 million 500 mille pour se faire une virginité

Intervention chirurgicale intime dont le but est de reconstruire l’hymen, l’hyménoplastie est devenue une pratique courante dans la capitale sénégalaise. A Dakar, chiffre une source médicale, 3 mariages sur 10 auraient eu recours à ce procédé chirurgical.

Depuis qu’Abdou Lam* est revenu de sa lune de miel, le nouveau marié est sur un nuage. Distribuant des sourires à tout-va, le jeune est comblé. Comme s’il avait décroché le jackpot. Pour sa belle qui l’avait honoré en se préservant pour «le plus beau jour de sa vie», Abdou n’a pas regardé à la dépense. A tout-va, il distribuait des liasses de billets de banque aux griots qui scandaient haut le nom de sa bien-aimée Anta Diop*. «La virginité n’a pas de prix», justifiait Abdou. La démarche majestueuse, il enchaînait dans un mouvement continu ses «batrés» (le fait de distribuer de l’argent). Pour l’heureux élu, il fallait, à tout prix, «honorer», au vu et au su de tout le quartier, son épouse. Sa douce moitié qui a su se préserver jusqu’au mariage. Mais ce qu’il ne savait pas en réalité, c’est que son épouse avait refait son hymen et acheté une (nouvelle) virginité. A coups de millions. Anta a eu recours à l’hyménoplastie. En toute discrétion, sans réveiller les soupçons de son mari. «Elle avait fait une hyménoplastie, souffle une source médicale. Et son opération avait été une réussite totale.» Une vraie réussite, d’autant plus que c’est grâce à ce procédé chirurgical qu’elle a pu obtenir les faveurs de son mari Abdou Lam.
Combien d’hommes comme Abdou ont été victimes de supercheries de femmes ? D’arnaques de ce genre ? En l’absence de chiffres officiels, il serait hasardeux de se prononcer. Mais, au Sénégal, certains maris sont tombés dans le piège. Jurant sur tous les saints qu’elles sont «vierges» pour gagner confiance, respect et considération de leur époux et belle-famille, beaucoup de filles font recours à l’hyménoplastie. Une intervention chirurgicale intime dont le but est de reconstruire l’hymen. Le phénomène n’est pas nouveau et a «pris ses racines dans les pays arabo-islamiques où la virginité est presque érigée en loi».
Au Sénégal, l’hymen n’est pas seulement vu sous l’angle d’une simple membrane. Il exprime, à la fois, pureté et chasteté de la femme. Mais aussi et surtout, le reflet de l’éducation et de la formation reçue des parents. C’est pourquoi, les familles conservatrices accordent une place importante à la nuit de noce. Et la société élève en haut rang toute femme qui garde intact son hymen jusqu’au mariage. Cette «pression» sociale accentuée par des pesanteurs religieuses, économiques et culturelles, pousse beaucoup de filles «déflorées» ou dames qui ont entretenu des rapports sexuels hors des liens du mariage, à recourir à l’hyménoplastie. Seul moyen de leur redonner une nouvelle virginité. Mais, le jeu en vaut-il la chandelle ?

«Cette opération m’a permis de relever la tête devant ma belle-famille et de gagner le respect de mon époux»

Pour Diénaba Diallo*, retrouver une nouvelle virginité valait tous les sacrifices du monde. Puisque, justifie-t-elle, «cette opération m’a permise de relever la tête devant ma belle-famille, mais aussi de gagner le respect de mon époux Modou-Modou». Comme Anta*, Diénaba avait, elle aussi, perdu sa virginité. Elle avait été «trompée» par son ex-petit ami qui avait promis de lui passer la bague au doigt, après 4 ans de relation amoureuse. Il n’en sera rien. Consentante, elle va entretenir plusieurs rapports sexuels avec l’élu de son cœur. Son idylle va finalement se terminer en un échec cuisant. Son copain ira épouser une cousine dans son village. De son côté, Diénaba Diallo va prendre dans ses filets un Modou-Modou via Facebook. Tombé sous le charme de la dame, le Modou-Modou va passer à la vitesse supérieure et demander illico sa main. Les choses s’accélèrent. Le mariage est noué. Mais avant de s’envoler en lune de miel dans les Îles du Saloum, Diénaba a pris le soin de se payer une nouvelle virginité. Un ami du couple témoigne : «Son époux de Modou-Modou vivait en Italie et tenait beaucoup à la tradition. Quand il a épousée Diénaba, il l’a trouvée vierge. Vu que le gars était plein aux as et qu’il était comblé de joie, il a remis beaucoup d’argent à son épouse. En plus, il lui a acheté une maison et un véhicule tout neuf et remis les clés devant tous les parents de la famille.» Depuis, Diénaba et son Modou-Modou vivent heureux avec leurs enfants. Mais «l’arnaque» de la dame passe toujours sous silence. Le secret reste inviolable. Impénétrable.
La palpitante histoire de Fatoumata Dieng* est similaire à celle de Diénaba. Mais cette Sénégalaise bon teint a failli se tirer une balle dans le pied. Puisqu’elle a eu l’outrecuidance de ne pas honorer son engagement. «On l’avait demandé en mariage. Mais Fatoumata qui est issue d’une famille conservatrice, n’était plus une pucelle. Elle s’en est ouverte à une tante qui l’a mise en rapport avec un gynécologue qui faisait clandestinement l’opération dans une clinique implantée à Dakar. Mais Fatoumata n’avait pas tout l’argent exigé par le toubib pour l’opération. Elle s’est entretenue avec le médecin à cœur ouvert et celui a été sensible à sa situation. Ils ont finalement trouvé un terrain d’entente et le gynéco a accepté de lui faire l’hyménoplastie moyennant une avance de 150 000 FCfa, à condition qu’elle paie le reste après la nuit de noces», confie Aïssatou Dème*, une amie de Fatoumata. Une promesse que Fatoumata foulera aux pieds. Son opération réussie, son mari la trouvera «vierge». Il la comblera de cadeaux, de bonnes et belles surprises. Mais malgré cette avalanche d’honneurs qui l’a sauvée d’une humiliation certaine, Fatoumata Dieng «refuse» toujours de payer sa dette. Aïssatou : «Elle n’a pas respecté le contrat avec le gynéco. C’est comme si elle l’avait fait exprès. Parce qu’elle savait en âme et conscience que le médecin ne vendra jamais au grand jamais la mèche, car il est tenu par le secret professionnel.» Le fameux serment d’Hippocrate.

Entre 250 000 FCfa et 1 million 500 000 FCfa pour se refaire une nouvelle virginité

Au Sénégal, chiffre Dr S.F, un homme de l’art spécialisé en gynécologie, «trois (3) mariages sur dix (10) ont recouru à l’hyménoplastie». «L’opération ne dure qu’une quinzaine de minutes et nécessite une bonne maîtrise de la petite chirurgie vaginale. L’acte peut se faire au cabinet en ambulatoire, c’est-à-dire qu’elle ne nécessite pas une batterie d’instruments. L’opération n’est pas à la portée de toutes les bourses et coûte entre 250 000 et 1 million 500 000 FCfa», détaille la même source médicale. «Si l’opération est bien faite, l’homme n’y voit que du feu. La femme qui a recours à l’hyménoplastie saigne beaucoup plus qu’une vierge normale. Il y a des filles qui viennent seules subir l’opération. Et souvent, ce sont les Bajane (tantes paternelles) et mamans qui les y incitent», ajoute-t-elle. Notre source de renchérir : «L’opération réussit plus aux femmes actives sexuellement qu’aux femmes qui n’ont entretenu des rapports sexuels qu’une à deux fois. Plus la femme est active sexuellement, plus il est facile de pratiquer sur elle l’hyménoplastie. Notre plus grande clientèle demeure les filles issues des familles conservatrices.»
Safiatou Bâ* est issue d’une de ces familles dites traditionnalistes. Fille aux rondeurs envoûtantes, elle a pu décrocher un richissime homme d’affaires Baol-Baol implanté au Pays de l’Oncle Sam, par l’intermédiaire d’un ami. Et quand il a fallu passer aux choses sérieuses, elle n’avait autre possibilité que de se refaire l’hymen. Surtout que dans le quartier, elle traînait la réputation de «fille facile». Pour éviter l’affront et sauver son honneur, elle va tenter le coup, l’opération est une réussite. Son mari la trouvera vierge. «Elle a été gâtée par celui-ci qui lui a même offert une parure en or et des millions de francs Cfa, après leur première nuit de noce. Mais pour nous tous, c’était une grosse surprise, car tout le quartier savait que Safiatou Bâ n’était plus une pucelle», souffle un voisin. Mais, elle a quand même réussi à «duper» son époux, avec qui elle vit, heureuse. Comme au premier jour.

*Les noms ont été changés

IBRAHIMA KANDE

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