Il a l’air juvénile et innocent. Mais Serigne Fallou Mbacké Aby n’en est pas moins une forte personnalité. Le terme de « décideur » conviendrait pour définir ce chef religieux mouride, peu connu du grand public mais très influent au Sénégal et surtout à travers le monde. Petit-fils de Serigne Touba, Serigne Fallou Aby est un homme d’affaires adulé et respecté aussi bien par ses pairs, à Touba, que par les chefs d’Etat étrangers avec lesquels il entretient des relations particulières.
Chef religieux et branché
« La ressemblance physique avec Serigne Touba est frappante pour ceux qui ont connu le fondateur du mouridisme », souffle-t-on dans son entourage. Une ressemblance qui n’est pas seulement physique. Même en pantalon jean et en chemise, Fallou Aby vit le soufisme dans toutes ses dimensions, à l’image de son grand-père Cheikh Ahmadou Bamba. Et cela ne l’empêche pas de vivre en harmonie avec son époque.
Perçu comme une des personnalités les plus influentes en Afrique et dans le monde, Serigne Fallou Mbacké Aby est un chef religieux bien particulier. « Il passe inaperçu. Son mode vestimentaire qu’il adapte aux circonstances le fait passer pour un citoyen ordinaire. Parce que la modestie est un des traits de caractère de ce jeune chef religieux et petit-fils de Serigne Touba », renseignent ses proches. Et ce sont ses qualités que ces derniers mettent en exergue. Car, dans la cité religieuse de Touba, l’homme est très respecté par les dignitaires mourides. Son avis compte sur beaucoup de décisions et les populations ressentent son appui financier dans nombre d’évènements socioculturels. Des tonnes de vivres distribués pendant le ramadan à Dakar, des denrées alimentaires pour les nécessiteux de Touba; la construction de forages pour soulager les populations de la cité religieuse, entre autres.
Un mécène d’un genre nouveau, qui donne sans compter. Une générosité débordante, diront certains. « Il y en a qui en abusent même, sachant que Serigne Fallou répond aux sollicitations. Il peut tout de suite gagner un marché de plusieurs millions et tout redistribuer dans la foulée jusqu’à ne plus avoir un centime en poche. Cette générosité n’existe nulle part et la conséquence, ce sont les abus», regrette un proche.
A la table de Putin, d’Erdogan et du grand Mufti d’Iran
L’homme est «branché» Ntic. Facebook, Whatsapp, Instagram. A l’ère des réseaux sociaux, il est branché sur plusieurs plateformes. Très sollicité à travers le monde, ses relations avec les grands décideurs font du petit-fils de Serigne Touba, un mythe difficile à cerner. L’Emir de Dubaï est son ami et Fallou Mbacké ne s’en cache pas. « Il entretient aussi des relations particulières avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Il est proche du grand mufti d’Iran qui lui voue un respect immense ». Des relations que Serigne Fallou Aby assume pleinement. Sans mentionner le KGB, le comité russe pour la sécurité de l’Etat, qui lui met à disposition, tous les renseignements qu’il souhaite. « J’ai connu Putin à Dubaï à l’époque où il a passé le pouvoir à son ancien Premier ministre. Il me voue beaucoup de considération. J’avais des projets dans le domaine gazier en Russie…». Mais il n’en dira pas plus. Que ce soit Putin, Erdogan ou autre, « ce n’est pas une relation basée sur l’argent. Cela a plus à voir avec la diplomatie », précise l’intéressé.
Un Mbacké-Mbacké, « bété bété »
En occident, en Afrique ou en Orient, Fallou Mbacké Aby a un réseau d’amis haut placés, qui lui ont ouvert leurs carnets d’adresses, l’ont mis en relation avec des chefs d’Etat, des investisseurs et autres personnes influentes à travers le monde. Arabisant, le Mbacké-Mbacké « bété bété » (de souche) a une maîtrise du coran. Chapelet à la main et séances de wird la nuit, de longues heures durant. Ses humanités faites à Touba, la recherche du savoir l’aura fait voyager au Maroc, avant de parfaire sa formation et son parcours à Dubaï. Le petit-fils de Serigne Touba se débrouille en anglais. Et il a une manière bien à lui de s’exprimer dans la langue de Molière, qu’il assume.
Homme d’affaires averti, il dispose, au plan financier, d’un réseau dans le milieu bancaire, notamment en Chine. Également diplomate, il milite pour des causes nobles et défend les faibles, les opprimés. Il a entamé une médiation pour un retour à la paix, en Syrie. Et l’Afrique n’est pas en reste. Dans des pays de la sous-région, des opposants le sollicitent pour qu’il les appuie sur le plan financier. « Il en est de même pour certains chefs d’Etat qui le sollicitent. Dans une république sœur, on a fait appel à ses services pour sauver le pays des délestages. Que ce soit au plan diplomatique, ou pour l’acquisition d’armement, l’influence de Serigne Fallou Aby n’est pas un secret pour ceux qui savent à quelle porte taper pour un besoin particulier », renseigne un de ses lieutenants.
Actionnaire dans plusieurs groupes : Fallou Aby, un goût pour le business
Fallou Mbacké Aby reconnaît être actionnaire dans les sociétés les plus influentes au Sénégal et à travers le monde. Des actions qui valent des milliards. De la téléphonie au foncier en passant par le milieu des médias, il aime investir dans des projets innovants, un challenge pour ce chef religieux modeste qui vit son époque. Marabout ‘Jet-setteur’ diront certains. Parce qu’il fréquente les milieux huppés de Dakar et traîne parfois avec des personnalités du showbiz et abandonne le ‘baye lahad’ pour enfiler un jean, un pantalon. Mais attention, les apparences sont trompeuses…
En businessman très averti, il décroche des contrats et fait fructifier ses investissements. Pas très loin du secteur du gaz et du pétrole ; des acquiescements de paiements ; des dossiers où les millions de comptent par centaines. Et licites de surcroît, tient-il à préciser. D’ailleurs l’homme ne s’en cache pas : ses affaires prospèrent. Nombreuses sont les entreprises nationales et étrangères et pas des moindres, qui ont recours à lui pour régler des litiges. Des financements, le mécène en accorde à des pays africains. Et des médiations il en fait, comme en Centrafrique. Pour dire que Serigne Fallou Aby, est à mille lieues de la perception que nombre de Sénégalais ont des marabouts.
Militant en faveur d’un retour à la paix en Syrie
Le chef religieux et diplomate joue un rôle de facilitateur dans l’administration sénégalaise dont il a une maîtrise parfaite. « Je faisais des interventions lorsque des talibés avait des démêlés avec la justice, l’administration en général. C’est ainsi que j’ai été amené à me tisser un bon réseau dans toutes les administrations, police, gendarmerie, etc. », reconnaît le chef religieux en toute modestie. « Par son entremise, des dossiers bloqués ont connu une issue heureuse, des personnes qui risquaient d’être traînées en justice ont été sauvées car il dispose de son propre réseau dans le milieu des magistrats. Il y a même dans la magistrature, des procureurs qui lui obéissent au doigt et à l’œil, mais il ne s’en glorifie pas. Malgré la puissance du parquet, des juges de faire coffrer des personnes, il lui arrive d’intervenir, de rappeler à l’ordre un magistrat qui outrepasse ses prérogatives. Et de le ‘sanctionner’», prévient une source.
Le Sénégal doit s’affranchir de la tutelle française
Philanthrope, Fallou Aby l’est. Mais ne se met jamais en avant. Il passe inaperçu et pourtant, l’homme a des idées révolutionnaires et ne s’en cache pas. « Il faut que le Sénégal s’affranchisse de la tutelle française. Notre pays doit disposer d’un armement solide. Il faut mettre à profit les négociations relatives aux contrats pétroliers et gaziers pour nous procurer un armement qui fera que notre pays sera respecté à travers le monde. Il n’y a que cela qui puisse nous libérer de l’emprise de la France. C’est un premier pas vers l’indépendance de notre pays », théorise-t-il.
« Il fait partie des hommes de l’ombre. Une personnalité influente, mais très discrète », réitère son entourage. Mieux, « Il dispose d’un réseau d’environ 400 personnes disséminées à travers le pays, prêtes à lui obéir. D’aucuns parlent de police privée. Pour dire, qu’au Sénégal ou à l’étranger, il est au fait de certains dossiers parfois sensibles, bien avant le grand public ».
Fondateur d’une Ong qui œuvre dans le social, depuis 2009, le chef religieux,fils de Serigne Cheikh Aby Mbacké, petit-fils de Serigne Fallou et de Serigne Abdou Lahad,fait partie de ceux qui vont faire bouger le Sénégal. « Nous sommes dans un pays pauvre. La guerre, de nos jours, doit se faire de manière diplomatique » : telle est la conviction de l’homme, décrit comme un révolutionnaire mais avec ses propres méthodes. « Son ambition est de servir son pays. Si une révolution devrait avoir lieu au Sénégal, cela pourrait passer par Serigne Fallou Aby », mettent en garde les proches du chef religieux branché, qui vit le soufisme et s’inscrit dans la ligne tracée par ses parents et grands parents